L’utilisation libre du corps féminin : Entre fantasmes anciens et réalités BDSM

L'utilisation libre plus connue sous le nom de "free use" a été très popularisé sur internet entre 2014-2020 via les réseaux sociaux et forums. Qu'est ce que l'utilisation libre ? depuis combien de temps ça existe ? Quid de l'utilisation libre dans le BDSM ? 

L'utilisation libre ( free use ) : s'est  une disponibilité sexuelle permanente et consentie dans une dynamique relationnelle.

Disposer librement du corps des femmes est une idée profondément enracinée dans les systèmes patriarcaux et hétéronormés qui ont traversé les siècles. Historiquement, le contrôle du corps des femmes a souvent été un marqueur de pouvoir masculin, légitimé par des normes sociales et légales ( et religieuses ) imposant aux femmes une disponibilité sexuelle et reproductive quasi totale, sans considération de leur consentement. Cette conception s’inscrit dans une logique de domination où le corps de la femme est perçu comme un territoire à conquérir ou à posséder, réduisant sa liberté à une simple servitude corporelle. 

Quelques exemples à travers l'histoire :

• Le droit de cuissage (jus primae noctis)
  Une légende féodale selon laquelle un seigneur avait le droit de passer la première nuit de noces avec la femme de son vassal. Quoique largement mythifié, ce mythe symbolise une forme extrême de domination patriarcale où la femme est objet de contrôle sexuel sans son consentement.
• La dot et la « vente » de la femme au mariage
  Dans de nombreuses sociétés anciennes, la femme était considérée comme une « marchandise » échangée entre familles. La dot symbolisait ce transfert de propriété, et la femme était censée être disponible pour son mari en vertu de cet échange.
• Les harems et la polygamie
  Dans certaines cultures, les harems royaux ou nobles rassemblaient des femmes « possédées » par un homme puissant, destinées à sa satisfaction sexuelle et reproductive, souvent sans leur consentement, illustrant une forme de contrôle patriarcal total.
• Les lois sur la chasteté et l’honneur féminin
  Dans plusieurs sociétés, le corps de la femme était surveillé, contrôlé et légiféré pour préserver l’honneur familial et social, reflétant un contrôle strict et une appropriation sociale de sa sexualité.

L'utilisation libre dans la pornographie

La pornographie n'est que le reflet de la société patriarcale hétéronormée . L'utilisation libre dans la pornographie est représenter de la manière qui suit la femme est en train de faire quelque chose et l'homme vient se servir d'elle cette dernière n'arrête pas son activité pour autant néanmoins la libre utilisation ne s'arrête pas à ce "schéma" assez caricatural comme on l'a vu juste avant c'est disposé du corps d'une femme librement on peut aisément et logiquement ranger dans cette catégorie tout les fantasmes ancillaires. Le fantasme ancillaire tire son nom du mot ancilla, qui signifie « servante » ou « assistante » en latin. Il s’agit d’un fantasme où une personne se place dans un rôle de service ( secrétaire, femme de ménage, baby sitter ), de soumission ( pas au sens BDSM du terme ) et de disponibilité totale vis-à-vis d’une autre, souvent dans une dynamique de pouvoir marquée. 

L'utilisation libre dans le BDSM

La plupart des contrats D/s trouvés sur internet contiennent l'idée d'utilisation libre mais cette fois si elle est consentie et négociable.

Exemples :

• " Le corps de la soumise appartient au Maître. "
• " Elle accepte toute sollicitation sexuelle à tout moment. "
• " Il/elle ne refusera pas les actes sexuels sauf en cas de safeword. "
• " le soumis (la soumise)  laisse l’accès et le contrôle total de sa sexualité et de son intimité à sa Maîtresse (son Maître)."
• "реut jоuіr dе sоn sоumіs соmmе іl lе sоuhаіtе tаnt рhуsіquеmеnt quе рsусhоlоgіquеmеnt оu sехuеllеmеnt (еn rеsресtаnt lа сhесk-lіst)."
• "La soumise ou le soumis offre librement son corps au maître à tout moment pour satisfaire ses besoins sexuels."
• ""Elle (Il) dispose de tous pouvoirs sur le (la) soumis(e) tant sur son physique, son sexe et son intellect. Elle (Il) peut se jouer de toutes pratiques sexuelles ou non, chasteté obligée, punitions et humiliations."
  
  

Dans une relation M/e l'esclave abandonne tout libre arbitre et donc ne peut refuser aucune activité sexuelle qu'initierait la personne Dominante.

En fin de compte le concept d’utilisation libre ou "free use" trouve ses racines dans des dynamiques historiques profondément patriarcales et hétéronormées où le corps des femmes était perçu comme une propriété au service du pouvoir masculin. Si cette idée a longtemps servi à légitimer une domination non consentie, elle est aujourd’hui revisitée dans les pratiques BDSM, où elle s’inscrit dans un cadre volontaire, négocié et respectueux du consentement. Néanmoins, il faut reconnaître que, même de nos jours, certains hommes continuent de considérer la femme comme étant à leur disposition, perpétuant ainsi des rapports de pouvoir inégalitaires. C’est pourquoi il est essentiel de toujours distinguer clairement entre fantasme consenti et domination imposée, et de valoriser le consentement et l’autonomie dans toutes les relations.