Beaucoup blâment 50 nuances de grey pour avoir populariser voir même vulgariser ( ici au sens péjoratif ) le BDSM au grand public mais c'est oublié que c'est loin d'être le seul film sur le sujet il y a des films sur le BDSM non pornographique depuis les années 70. Néanmoins 50 nuances est un bon exemple pour vous parler d'acculturation via le soft power le mot vous semblera un peu fort mais on est au delà de la simple influence.
Je préfère parler de BDSM américanisé plutôt que anglo-saxonisé car les USA sont le pays d'Occident le plus peuplé et donc numériquement/statistiquement ils ont le plus grand nombre de pratiquant.
l'acculturation : processus par lequel une personne ou un groupe assimile une culture étrangère à la sienne.
Soft power : (traduisible en français par la « manière douce » ou le « pouvoir de convaincre ») théorisé par Joseph Nye, désigne la capacité d’un pays à influencer les autres non pas par la contrainte (hard power) mais par l’attractivité culturelle, idéologique et institutionnelle.
A la fin de la guerre l'Europe est détruit l'Europe a été ravagée par la guerre les USA vont financé sa reconstruction via le plan Marshall ( 1948 ) autrefois isolationniste les USA vont trouver dans cette Europe détruite une source de débouché pour leurs produits. Les USA craignent que l'Europe ne bascule dans le communisme, c'est d'ailleurs pour contrer le communisme que dès 1948 ils financent le syndicat FO. L'influence est tellement profonde que je préfère parler d'acculturation :
Culture populaire : cinéma et séries TV : Les productions hollywoodiennes dominent largement les écrans français. Netflix, Disney+, et autres plateformes ont également remodelé les habitudes de consommation culturelle.Musique : Le hip-hop, le rap et la pop américaine occupent une place majeure dans les charts français depuis les années 1990.Mode de vie : La "culture fast food", le culte de la performance, l’individualisme, ou encore la logique de l’entertainment à tout prix sont parfois vus comme des importations américaines.Valeurs et idéologies : l’influence se fait sentir aussi dans la vision de la réussite, du mérite individuel, ou encore du storytelling personnel.Économie et consommation : les géants américains (GAFAM) dominent le numérique : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft.Langue : l’usage de l’anglais est de plus en plus courant dans la publicité, le marketing, le monde professionnel, et même dans la vie quotidienne ("deadline", "feedback", "start-up", etc.).
Attardons nous un instant sur la langue c'est aux USA que le terme BDSM est né entre 1980-1990, la majorité du vocabulaire BDSM nous provient de là bas car ils ont une longue tradition d'engagement associatif et civil , Alexis de Tocqueville le disait déjà en 1830. C'est cette culture associative qui a crée ce langage spécifique au fil du temps.
Qui dit langage technique dit définition donc idée et ses idées ne viennent pas de France.
Concernant les outils comme la checklist, l'aftercare, le safeword sont des invention américaines qui serait aussi apparu entre 1970-1990, la société américaine est une société de l'explicite et du contractuel.
Pour les philosophies slogans ici rebelotte la plus connues le sain, sur et consensuel crée en 1984 nous viens aussi des USA.
L'idée de switch commence a être évoqué dans les années 80 sans avoir de mot précis c'est la sociéré de Janus qui commence à parler de personne qui aime les deux coté du fouet ( donner et recevoir ), il faut attendre les années 90 pour que le mot son "créé" sur le net puis repris dans le SM 101 ( SM pour les nuls ).
Le BDSM "français" s'est vu influencé par le BDSM américain via internet, internet arrive en France au milieu des années 90 puis se démocratise vers les années 2000 nous sommes en 2025, ça fait 25 ans d'influence.
Pourquoi la France n’a-t-elle pas développé tissu associatif BDSM plus dense ?
J’utilise ici l’expression BDSM "français" avec des guillemets, car il est difficile de parler d’un modèle spécifiquement hexagonal. Contrairement aux États-Unis, la France n’a pas réellement structuré sa propre manière de penser et de pratiquer le BDSM dans un cadre associatif avant d'être sous influence.
Cela s’explique en partie par des différences culturelles profondes. La société française est marquée par une tradition de l’implicite, du non-dit, et par une forte empreinte universaliste. L’État y joue un rôle central, avec un modèle interventionniste et protecteur. Historiquement, les citoyens français se tournent moins spontanément vers la société civile ou les initiatives communautaires pour répondre à leurs besoins, car l’État est souvent perçu comme le garant de l’intérêt général.
À l’inverse, les États-Unis sont une société du contractuel et de la déclaration explicite. Ils ont aussi une longue tradition d’engagement associatif,. C’est cette culture qui a permis l’émergence, dès les années 70-90, d’un BDSM codifié, structuré et théorisé dans un cadre associatif.
D’ailleurs, la différence législative est révélatrice : la première loi américaine reconnaissant officiellement les associations date de 1848 (New York Act for the Incorporation of Benevolent, Charitable, Scientific and Missionary Societies). En France, il faut attendre la loi de 1901 pour que les associations soient juridiquement reconnues.
Résultat : la France n’a pas formalisé ses pratiques BDSM dans un langage propre. Elle a, en grande partie, adopté celui venu des États-Unis via Internet et les milieux militants anglo-saxons. Ce sont donc des termes, des outils (checklist, safeword, aftercare), et même des philosophies (comme le "Safe, Sane, Consensual") qui ont été importés, plus que co-construits.
Les apports positifs d’un BDSM américanisé
Oui, le BDSM a changé. Sous l’influence des États-Unis, il s’est vu doté d’un langage commun, de slogans ("Safe, Sane, Consensual", "Risk Aware Consensual Kink", etc.), et d’outils pratiques comme les checklists, les safewords, ou encore l’aftercare. Une véritable culture associative s’est développée autour de ces pratiques, favorisant la transmission, l’éducation, et le soutien communautaire.
Est-ce une perte ? Peut-être pour ceux qui regrettent un BDSM plus instinctif, plus marginal, plus "sauvage". Mais ce sont surtout des apports positifs, car ils ont permis au BDSM de sortir du champ de la psychiatrisation et de rompre avec l’image de perversion ou de pathologie qui lui collait à la peau.
C’est aussi grâce à cette structuration que le BDSM a pu se défendre face aux institutions, se rendre visible dans les débats publics, et se légitimer comme une pratique sexuelle à part entière, fondée sur le consentement, la communication, et la responsabilité.
Si certains peuvent regretter la perte d’un BDSM plus instinctif, plus opaque, plus "français" dans sa discrétion et sa sensualité implicite, il faut reconnaître que l’apport américain a largement contribué à rendre ces pratiques plus accessibles, plus sûres et plus respectées. Le BDSM est ainsi sorti de la marginalité pour entrer dans l’espace public avec un discours structuré, des cadres de sécurité, et des communautés capables de se soutenir mutuellement. Une chose est sûre le BDSM est maintenant mondialisé.
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