La gentrification du BDSM : victoire culturelle ou trahison des origines ?
Qu'est ce que la gentrification ?
Le terme gentrification ( embourgeoisement ) inventé par la sociologue anglaise Ruth Glass dans les années 60, la gentrification est un processus urbain, social et culturel par lequel un quartier ou une communauté autrefois populaire ou marginale est investi par des populations plus aisées. Ce phénomène entraîne généralement une transformation profonde de l'identité locale, à travers des mécanismes économiques, culturels et symboliques.
Un exemple de gentrification
La boxe, longtemps sport populaire associé aux classes ouvrières, connaît aujourd’hui en Belgique un phénomène de gentrification sportive. Ce sport attire désormais une population plus aisée, souvent âgée de 25 à 45 ans, occupant des postes à responsabilités. Cette évolution est alimentée par un effet de mode, soutenu par la médiatisation, le marketing des grandes marques (comme Chanel ou Audi), et la popularité du « noble art » sur les réseaux sociaux.
Entre 2013 et 2016, les inscriptions dans les clubs belges ont augmenté de plus de 12 %, avec une croissance notable chez les femmes. Les pratiquants sont motivés par le culte du corps, la recherche de sens et la dimension complète de ce sport (physique, technique, mentale). Contrairement à sa réputation, la boxe récréative entraîne peu de blessures.
Des salles haut de gamme émergent, comme celle de Maïté Czupper à Uccle, qui rompent avec l’image du club miteux. Elles offrent une expérience valorisante mêlant design, hygiène, et encadrement de champions comme Ryad Merhy. La boxe y devient une forme de méditation active, une échappatoire face aux exigences de la vie professionnelle.
Pour qu'une sous-culture* se gentrifie il faut deux choses la normaliser et la rendre respectable. Avec l'explosion culturelle du BDSM notamment via la saga 50 nuances, certaines parties du BDSM se sont vu gentrifié.
*Sous-culture : En sociologie contemporaine, en anthropologie et dans les études culturelles (Cultural Studies), une subculture, également appelée sous-culture est une culture (revendiquée, cachée, souterraine) partagée par un groupe d'individus, se différenciant ainsi des cultures plus largement dominantes (dites improprement « mainstream ») auxquelles ils appartiennent.
La gentrification du BDSM
Là ou la gentrification est le plus visible ou la plus importante je trouve, c'est surtout dans le shibari/kinbaku pour pouvoir normaliser et rendre respectable une pratique il faut deux choses, désexualiser la pratique et la sortir de son esthétique d'origine, ainsi il devient possible de la vendre au grand public.
Le shibari/kinbaku est ainsi devenu un outil relationnel pour couple, une méthode de développement personnel avec méditation, une nouvelle forme de yoga en somme. Je vous recommande de regarder le film planète kinbaku, le documentaire a bien saisi en image cette gentrification.
Kinoko Hajime qu'on peut qualifier de chantre de la gentrification du shibari/kinbaku, ses œuvres sont devenus des NFT (des produits financiers de la cryptomonnaie) lors d'une installation en 2021.
Petite digression: Les bourgeois ont une sale manie celle de réécrire l'histoire à leur profit et ça arrive aussi avec le BDSM. Je suis tombé sur un livre qui explique que le phénomène bondage est récent et il n'est pas fait de distinction entre le bondage et le shibari/kinbaku. Là encore on tombe dans la normalisation et la respectabilité, on garde ce qui est esthétique et on efface un pan entier d'histoire dans un but faire de l'argent. Le BDSM s'est popularisé par vague depuis la libération sexuelle c'est la que des films non pornographique commence à aborder le sujet du BDSM ( Maitresse, La chasse, etc ).
Il en va de même pour les autres pratiques ou dynamiques du BDSM, on a vu fleurir un peu partout des influenceurs BDSM ( orienté D/s ) qui vous promettent de guérir tout vos soucis de couple, de sexe et voir même d'avoir en consommant leurs produits, d'avoir leur lifestyle, en somme de prendre l'ascenseur social pour les rejoindre.
La mode a repris certains éléments esthétique du milieu ceux qui ne sont vendable pas rattacher à la génitalité existe les cage pénienne et les sondes. Donc la mode reprends les matière nobles et chic, latex cuir vinyle une esthétique sombre, qui contribue à normaliser les clichés déjà présent dans la communauté, la mode s'abstient d'utiliser les codes esthétique de dynamique qui pourrait être encore assimilés à des déviances comme le DDLG ou le pet play, c'est aussi ça la normalisation, c'est l'uniformisation et l'invisibilisation des pratiques de niche trop hors normes. Bien sur tout ça est dépolitisé, tout aspect militant est gommé.
victoire culturelle ou trahison des origines ?
Victoire culturelle ou trahison des origines ? et bien les deux car l'un ne semble pas aller sans l'autre et parce que rien n'est tout blanc ou tout noir mais c'est un nuancier de gris.
Le BDSM autrefois considérer comme une déviance une psychopathologie, sort quasiment de la psychiatrie en 2013 ironie du sort peu après la publication de 50 nuances de gris,. Les deux ne sont pas liés depuis l'arrivée d'internet le BDSM combiner à la puissance du soft power américain via les films et séries le BDSM se popularise à vitesse grand V.
C'est indéniablement une victoire sur le plan social et culturel.
Néanmoins la gentrification via le sphère mainstream laisse sur le bord de la route encore les minorités et les dynamiques et pratiques trop extrêmes ou de niche. La majorité des représentations mainstream ( livres , films) sont hétéronormé et blanches. Les pauvres sont aussi laisser de côté car ils ne peuvent s'offrir ses nouvelles méthode de développement personnels puis ils sont absent des représentation grand public c'est au pire des CSP + au mieux des très riches.
Les personnes en situation de handicap car ils sont encore infantiliser considérer comme des citoyens de seconde zone de plus un corps difforme amputé ce n'est pas une image qui fait vendre, cela rappelle trop la maladie. Et comme je l'ai dit précédemment les pratiques de niche ou extrême sont encore considérer comme des psychopathologies pour le grand publique
Le militantisme n'est pas mort que le BDSM certaines écoles propose des tarifs étudiant/minima sociaux mais aussi mettent en avant les minorités il en va de même pour les associations et donjons/club. Ses associations et écoles font aussi la promotion du consentement pas la simple oui, un consentement libre continue, révocable, enthousiaste et éclairé ce qui est plus que nécessaire. Dans ces cas là il n'y a pas de trahison des origines.
Comment le BDSM va t il évoluer fasse à la montée du conservatisme/puritanisme reviendra t il à ses origines ? L'avenir nous le dira.
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